LES RÉFLEXES ARCHAÏQUES : C’EST QUOI ?
Les réflexes archaïques (ou réflexes primitifs) sont des réactions automatiques, involontaires et bien précises du corps humain, en réponse à une stimulation sensorielle, interne ou externe, bien spécifique.
Il existe environ 70 réflexes archaïques qui apparaissent pendant la vie foetale, durant l’accouchement ou lors des premières semaines de vie. Ils font partie intégrante de notre patrimoine génétique, c’est-à-dire que nous devrions les observer chez tous les nouveaux-nés.
À la maternité, les pédiatres s’assurent d’ailleurs de la présence d’un certain nombre d’entre eux.
Exemples :
- le réflexe de préhension de la main (Grasping) : lorsque nous mettons notre doigt dans la paume de main du nouveau-né, ce dernier le serre très fort sans le lâcher
- le réflexe de Babinski : lorsque nous remontons le long du côté externe du pied d’un bébé, ses orteils s’écartent « en éventail »
LE « CYCLE DE VIE » D’UN RÉFLEXE
Chaque réflexe évolue selon différentes étapes :
- Phase d’émergence : apparition du mouvement réflexe.
- Phase d’activation : beaucoup de réflexes sont « activés » au moment de la naissance (par voie naturelle).
- Phase de maturation : elle dure plus ou moins longtemps. Le réflexe, déclenché par un stimulus, a besoin d’être répété maintes et maintes fois.
- Phase d’intégration : une fois que le réflexe a été répété un certain nombre de fois, il est dit « intégré » et laisse alors la place à des mouvements qui sont « volontaires » et contrôlés. (Exemple avec le réflexe de préhension de la main (Grasping) : une fois le réflexe intégré, l’enfant pourra décider de prendre ou lâcher un objet)
Un réflexe intégré ne disparaît pas mais reste à l’état de « dormance », afin de rester disponible pour pouvoir nous protéger et nous aider à survivre en cas de réel danger.
La majorité des réflexes devraient être intégrés entre l’âge de 1 et 3 ans.
À QUOI SERVENT LES RÉFLEXES ARCHAÏQUES ?
Les réflexes archaïques participent à la maturation du système nerveux et sont indispensables au bon développement moteur, émotionnel et cognitif du nourrisson, de l’enfant et de l’adulte.
- À la base, les réflexes ont pour vocation de nous protéger et d’assurer notre survie (à la naissance, le réflexe de succion permet au nouveau-né de s’alimenter sans qu’on le lui apprenne).
- Ils ont un rôle neuro-sensori-moteur, c’est-à-dire qu’ils vont :
-
-
- Mettre le corps en mouvement et ce, dès les premières semaines de gestation. Par la suite, les mouvements réflexes, involontaires, laisseront petit-à-petit place à des mouvements volontaires et de plus en plus contrôlés. La personne acquerra un bon tonus musculaire (nécessaire au développement moteur), un schéma corporel correct, un bon contrôle postural, une bonne motricité grossière, puis fine.
- Permettre au nourrisson de traiter correctement les informations sensorielles (visuelles, auditives, vestibulaires…) et les intégrer, afin de se forger une compréhension du monde qui l’entoure. La personne ressentira un état de sécurité intérieure, la rendant disponible à acquérir de nouveaux apprentissages, tout en pouvant réagir de façon adaptée à son environnement (gestion de ses émotions et amélioration de sa résistance au stress).
-
-
- Les réflexes participent à la maturation du système nerveux. À la naissance, toutes les différentes parties du cerveau sont en place, mais elles ne fonctionnent pas encore pleinement et surtout ne communiquent pas bien entre elles. Ce sont tous les mouvements automatiques (= mouvements réflexes) que va faire le bébé, ainsi que toutes les expériences sensorielles engendrées par ces mouvements qui vont lui permettre de développer tout un réseau de communication entre les différentes parties de son système nerveux. À mesure que les mouvements seront répétés encore et encore, le réseau de connexions neuronales va se densifier de plus en plus et les neurones se myéliniser, permettant une communication de plus en plus rapide entre les différentes aires cérébrales (lors de la 1ère année de vie, environ 1000 connexions neuronales se développent par seconde!). Les mouvements primaires et réflexes sont le fondement de la neuroplasticité cérébrale (capacité du système nerveux à développer de nouvelles connexions neuronales) et du développement neurologique, assurant un bon système « corps-cerveau ».
POURQUOI REPÉRER LES RÉFLEXES NON INTÉGRÉS OU ENCORE ACTIFS ?
Pour diverses raisons, certains réflexes n’ont pas pu émerger, se développer et/ou s’intégrer correctement. On dit qu’ils restent présents ou encore actifs.
Les causes à cela sont diverses. En voici quelques exemples :
- problème à la naissance (césarienne, forceps, accouchement rapide…)
- stress de la maman pendant la vie foetale
- désordres congénitaux, maladies génétiques…
- traumatisme physique ou émotionnel, stress prolongé ou chronique
- manque de stimulation ou de motricité durant les premiers mois de vie (mise en transat, cosy, youpala, parc…)
- troubles posturaux ou physiologiques n’ayant pas permis certaines positions de stimulation (ex : un reflux gastro-oesophagien ayant empêché la mise sur le ventre…)
En outre, sous l’effet d’un stress physique ou émotionnel, un ou plusieurs réflexes qui étaient intégrés peuvent se réactiver, afin d’assurer notre survie et rester actifs dans une voie dysfonctionnelle (par exemple, sous forme hypo ou hyper-active).
Quelle qu’en soit la cause, la rémanence de ces réflexes engendrera alors des mouvements parasites (= mouvements réflexes, involontaires) que la personne tentera par tous les moyens d’éteindre, et ce au prix d’efforts et de compensations non productives, parfois fatigantes et épuisantes. On comprend aussi que la personne sera moins disponible pour la concentration et/ou les apprentissages, et des troubles du comportement pourront aussi apparaître.
Quelques exemples :
- si le réflexe de préhension de la main est actif, l’enfant se crispera sur son stylo et l’écriture sera fatigante pour lui. Il n’aimera donc pas l’écriture.
- un réflexe spinal de Galant encore actif donnera envie à l’enfant d’être toujours en mouvement ou de se tortiller sur sa chaise (pour continuer à intégrer ce réflexe) et l’empêchera de rester correctement assis en classe. Pour compenser et tenter de rester assis, il contractera ses muscles du dos, ce qui pourra engendrer une certaine rigidité lombaire avec des douleurs plus tard.
- un réflexe Tonique Labyrinthique encore actif fera se balancer d’avant en arrière un enfant sur sa chaise.
Des réflexes très peu développés montreront des problèmes plus importants, tels que :
- un manque de tonus musculaire, des déficits posturaux
- un retard de développement moteur
- un retard important dans les apprentissages
- des troubles du langage
- des phobies, terreurs
- une ou plusieurs hyper-sensibilités sensorielles (tactile, auditive…) avec plus ou moins des troubles du comportement.
REMARQUE IMPORTANTE : si dans la plupart de ces déficits nous retrouvons de nombreux réflexes actifs, cela ne veut pas dire qu’ils en sont la cause ! Mais le fait d’intégrer ces réflexes améliorera nettement ces troubles et les conditions de vie.
POURQUOI ET POUR QUI INTÉGRER LES RÉFLEXES ARCHAÏQUES ?
L’intégration des réflexes archaïques est une approche éducative sensorielle et motrice pouvant se faire à tout âge : bébé, enfant, adulte et séniors. La neuroplasticité cérébrale est toujours possible, c’est-à-dire que le travail sur le corps va recréer des connexions dans le cerveau de la personne à n’importe quel âge !
Si les réflexes archaïques sont bien intégrés, ils nous permettent d’accéder à notre plein potentiel d’un point de vue moteur, cognitif et émotionnel.
Voici une liste de diverses problématiques pour lesquelles les méthodes d’intégration des réflexes peuvent être utilisées :
SPHÈRE POSTURALE ET MOTRICE :
- retard de développement moteur (difficulté pour ramper, marcher, tourner, sauter…)
- difficultés de coordination
- difficultés dans les activités sportives (faire du vélo, attraper une balle, nager, courir…)
- problèmes posturaux
- hypotonie ou hypertonie
- marche sur la pointe des pieds
- énurésie
- maladresse
- manque d’équilibre
- agitation
- écriture difficile
- difficulté à recopier ce qui est écrit au tableau
- se balance sur une chaise
- amélioration des performances sportives
- mal des transports
SPHÈRE SENSORIELLE :
- hyper/hypo-sensibilité tactile
- hyper/hypo-sensiblité auditive
- hyper/hypo-sensibilité visuelle (lumières fortes…)
- problème d’équilibre (sens vestibulaire)
SPHÈRE ÉMOTIONNELLE :
- mauvaise gestion du stress, anxiété
- manque de confiance en soi, mauvaise estime de soi
- agressivité
- difficulté à gérer ses émotions
- timidité
- fragilité émotionnelle
- angoisse de séparation
- impulsivité
- centrage
- peurs irrationnelles
SPHÈRE COGNITIVE :
- difficultés d’apprentissages
- lecture difficile
- problèmes DYS (dyslexie, dyspraxie, dysgraphie…)
- troubles de l’attention
- troubles de la concentration
- difficultés de mémorisation
- troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA, TDAH)
- retard mental
- agitation
- problèmes d’orientation spatiale et temporelle
N.B. : les techniques proposées ne se substituent en aucun cas à la médecine et ne posent pas de diagnostic médical.
Les méthodes d’intégration des réflexes peuvent être particulièrement utiles et complémentaires de tout autre suivi, comme l’ostéopathie, la psychologie, l’orthophonie, l’ergothérapie, la psychomotricité, la podologie, l’orthoptie…